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Présentation...

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Thierry Dufrenne est né en 1964 à Montcy-Notre-Dame dans les Ardennes. Après un baccalauréat scientifique, il suit des études paramédicales à Reims, où il vit, et a travaillé comme manipulateur en radiologie pendant quarante ans.

Fasciné par l’exploration du corps humain et le monde médico-judiciaire, il y a contribué par sa profession et y a trouvé une source inépuisable d’inspiration.

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Il incube longtemps un premier roman : 7 morts sans ordonnance qui a été édité en mai 2012, Effets secondaires le suit de très près, en mars 2013. 7 morts sans ordonnance existe au format poche depuis 2018

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La fièvre de l’écriture ne le quitte pas. Il rechute en septembre 2013 avec Le labyrinthe de Darwin puis La Némésis de Darwin qui fait suite en octobre 2014.

Ces deux thrillers, construits comme des polars, cultivent l’étrange, à la limite du fantastique, même s’ils s’inspirent de récentes découvertes médicales. Le pentacle de Némésis (2018) vient clore cette saga.

Les décors se situent dans une ville imaginaire : Semier. Le lecteur se promène souvent dans les sous-sols d’un centre hospitalier universitaire, bien au-delà des locaux autorisés au public. Cependant, certains décors sont tout à fait réels et documentés.

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En mars 2016 paraît Le syndrome du crocodile. Il explore davantage la part psychologique des personnages et le droit de chacun à disposer de lui même avec notamment une référence à la loi Leonetti.

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Course folle est un court roman de 20 pages qui remet en scène Cathy Thomassin, l’héroïne de La Némésis de Darwin. Cette nouvelle est inspirée d’un fait divers médico-légal auquel il a participé.

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En mai 2018, les Nouvelles ardennaises thanatotractrices rompent avec les romans policiers et présentent huit histoires situées dans les Ardennes. L’une d’elles est découpée en sept parties, comme un feuilleton ou un fil rouge. Elles viennent s’intercaler entre les autres. Enfin, les notes en dernières pages expliquent la genèse de ces nouvelles et démêlent le vrai du faux.

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En juillet 2020, les éditions Ex Aequo décident de regrouper quatre romans (Effets secondaires - Le labyrinthe de Darwin - La Némésis de Darwin - Le pentacle de Némésis) en un format poche de 475 pages sous le titre Les labyrinthes de Darwin.

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Octobre 2021 : Nécrophonie renoue avec le roman policier. À travers une enquête dans un CHU, l’auteur fait explorer au lecteur la médecine légale, les locaux, les techniques, jusqu’à l’organisation d’un IML. En arrière-plan se dessine un projet d’invention de Thomas. A. Edison qui est le support même de l’intrigue.

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Ses dernières années de carrière sont marquées par la pandémie de Covid 19. Édité en janvier 2024, HECNOP, thriller d’anticipation au titre étrange et intrigant est directement lié aux études, publications et comportements sociaux observés au cours de cette période. Il y mêle son expérience personnelle pour en faire une fiction horrifique et violente. 

Interview de Thierry Dufrenne donnée à L’étrange Librarium en 2014

 

L’Etrange Librarium : Bonjour, pouvez-vous vous présenter et nous parler de votre parcours (diplôme, expérience professionnelle, bibliographie), présenter votre roman "Le Labyrinthe de Darwin" à nos lecteurs ?

 

Thierry Dufrenne : Je suis né dans les Ardennes en 1964. Mon parcours scolaire est très classique, avec un baccalauréat scientifique en 1982 et une école paramédicale de manipulateur en électroradiologie médicale juste à la suite. Je ne vis pas de l’écriture, sinon je serais déjà mort de faim... et même si je le pouvais, j’hésiterais à laisser tomber mon métier. Depuis trente ans, je travaille en imagerie médicale. La particularité de mon activité est de pouvoir observer le corps humain et ses organes à l’aide de différentes technologies. En trois décennies, l’évolution a été extraordinaire avec l’arrivée du scanner, de l’IRM, de l’échographie. Actuellement très précises, elles permettent d’obtenir des images de l’intérieur d’un corps humain, mais aussi d’en appréhender le fonctionnement, avec comme paradoxe, celui d’y révéler des éléments que le patient examiné ne soupçonne pas. Cet aspect est important et je l’utilise dans "Le labyrinthe de Darwin".

C’est parfois impudique d’annoncer à quelqu’un qu’il a, par exemple, quatre artères rénales au lieu de deux ou un organe inversé. L’information l’amène à sourire et en apprendre plus sur son propre corps ainsi dévoilé ; par contre découvrir que sa mort est proche, voire imminente, implique de la réserve ou un mensonge... Lorsqu’il s’agit de votre propre père, on regrette parfois de savoir lire les images. Pour ceux qui ont lu ou liront "Le labyrinthe de Darwin", vous comprendrez mieux désormais certains chapitres.

Mon métier m’amène aussi à travailler régulièrement avec la cellule médico-judiciaire. Je radiographie les corps avant ou après les autopsies. La recherche des dernières minutes de la vie, des causes de la mort et les liens avec l’enquête en cours devient vite très intéressante ; surtout lorsque le médecin légiste est lui-même passionné.

La physiologie, l’anatomie des êtres vivants sont deux domaines qui me captivent. Naturellement, j’en suis venu à la théorie de l’évolution de Charles Darwin et aux découvertes sur le génome humain.

Nous ne sommes pas tous égaux au regard de notre génétique, s’apercevoir que des personnes sont plus résistantes ou sensibles à des éléments extérieurs, des maladies, des malformations, ou possèdent des facultés hors-normes est assez troublant. Je pense même que cela explique bien des croyances ou des légendes. Pourquoi ne pas imaginer, une autre possibilité d’évolution pour l’Humain, au même titre que Néandertal a vécu en parallèle de l’Homo Sapiens avant de s’éteindre ?

J’ai une imagination assez délirante, il n’en fallait pas plus pour que naissent ce second roman et sa suite "La Némésis de Darwin"... Il y aura d’ailleurs probablement un troisième opus. Je n’aime pas terminer une histoire. En général, je laisse traîner une ficelle qui permet de dérouler une autre pelote...

Dès mon premier thriller "7 morts sans ordonnance", j’ai voulu laisser une fin en suspens et je vois dans ce récit un côté étrange et irrationnel que les amateurs de polars ne perçoivent pas. Ils m’inventent des solutions cartésiennes abracadabrantes alors qu’un abandon vers un léger côté fantastique peut tout expliquer... L’indice est pourtant sous leurs yeux tout au long du roman. J’en ris avec eux, c’est l’essentiel ! "Effets secondaires" reprend le même schéma, c’est une nouvelle éditée sous la forme d’un très court roman (20 pages), il est cependant important pour introduire un personnage dans "La Némésis de Darwin".

 

E.L : Quelles sont vos sources d’inspiration ? Vos maîtres et coups de cœur en littérature et au cinéma ?

 

T.D : Dans le choix de mes lectures ou du cinéma, j’aime le fantastique, l’étrange et les histoires à faire peur ; très peu la fantasy. Les nains, les elfes et les mages, me poussent souvent à fermer le bouquin. Je fuis les films et les romans qui parlent des problèmes des gens dans leur cuisine. Je porte un intérêt certain aux polars à condition que le flic ou l’enquête ne soit pas l’élément principal. Je participe mensuellement à un cercle de lecture, c’est très enrichissant.

Je lis surtout des auteurs français : Chattam (tous ses thrillers et "Autre Monde"), un peu Grangé, Jérôme Camut et Nathalie Hug, font partie de mes auteurs préférés. Les décors glauques et décalés de Brussolo m’inspirent. Et Ayerdhal me scotche à tous les coups ! Je ne peux pas citer toutes mes lectures ici.

Mon éditrice m’a suggéré Sturgeon. Je ne l’avais jamais lu et, sans m’y comparer, je trouve certains points communs avec mon écriture ; derrière les thèmes du roman, il y a toujours un élément scientifique accéléré, dilaté ou poussé à bout pour en faire un élément étrange.

Abonné à Science et Vie, j’y trouve les germes de futures histoires. La musique est aussi source d’inspiration : du classique, beaucoup de métal gothique, jamais de pop, pas d’électro ni de rap, encore moins du jazz, question de goûts !

Des romans qui m’ont particulièrement marqué ? Pas toujours des auteurs français, certains sont loin d’être des chefs d’œuvre : "Le masque des regrets" de Kurt Steiner, "Carnacki et les fantômes" de Hodgson, "Fantômes et farfafouilles" de Fredric Brown, "Les rivières pourpres" de Grangé mais aussi "Mal'Concilio" de Rogliano et "L’enfant cheval" de Robert Cecconello.

Au final ça peut paraître éclectique, mais j’y vois un fil conducteur.

Par ailleurs, j’ai lu presque tout Jules Verne.

Je ne lis pas énormément, une trentaine de romans pas an, mais il faut multiplier ce chiffre par 43... j’ai appris à lire à six ou sept ans depuis j’ai toujours un bouquin sur ma table de nuit. Je limite, de façon drastique, mes choix et mes achats depuis trois ans... lorsque j’ai participé à mes premiers salons, je revenais avec plus de livres achetés que vendus ! J’essaie, sans succès, de me mettre à jour dans ce que je veux lire, je vais devoir sérieusement m’intéresser à l’allongement de la vie pour y parvenir...

 

E.L : Qu’est-ce qui vous a amené à écrire ?

 

T.D : J’ai toujours aimé créer. Je bricole des objets totalement inutiles, j’ai dessiné au pastel, peins à l’huile... Écrire et raconter une histoire est un peu pareil avec une autre technique pour éveiller la curiosité et les sentiments.

Je ne suis pas spontané dans la communication, j’ai besoin de mettre mes idées noir sur blanc avant de les exposer.

Je ne me considère pas comme un écrivain ou un auteur, juste un conteur. Les cours de littérature et d’analyse de texte, au lycée, étaient un ennui profond presque une torture au bac ! Je vivais les lectures imposées comme une atteinte à ma liberté ; encore aujourd’hui, je refuse catégoriquement de participer à un jury si j’ai, à lire, des livres que je n’ai pas choisis. Bref, je ne suis pas un littéraire, mais je flâne souvent dans les salons du livre. Lire un bouquin après une rencontre avec son auteur est bien plus intéressant et ceci m’a poussé à terminer un premier roman qui traînassait, à l’état de patchwork décousu, en me disant : pourquoi pas moi ?  

 

E.L : Comment s’organise le travail autour de l’écriture, avant, après la publication. Pendant l’écriture, le moment de la journée où vous écrivez le mieux ? Un rituel autour de l’écriture ?

 

T.D : Mes horaires de travail ne sont pas réguliers donc, j’écris n’importe où, n’importe quand ; le temps étant ce qui me manque le plus. Je n’ai aucun rituel autour de l’écriture, mais si je peux m’isoler avec de la musique et un casque l’efficience est meilleure.

Souvent, l’écriture se fait mentalement, dans une salle d’attente, en conduisant, ou la nuit, allongé dans le noir. La frappe ou l’écriture à la mine de plomb sur un carnet qui ne me quitte presque jamais n’est qu’une sauvegarde de ma mémoire. Il y a souvent un déclic au démarrage d’un chapitre, une phrase qui me plaît ou un fait précis que j’ai envie de relater. Je suis rarement à attendre devant mon clavier que les idées viennent. La plupart du temps, je n’ai plus qu’à les rédiger, ce qui ne veut pas dire que je n’y ai pas longuement réfléchi.

J’utilise parfois un dictionnaire de synonymes papier ou en ligne (Crisco Unicaen, gratuit, pratique et efficace) pour trouver le mot juste.

Je préférerai toujours le fond de l’histoire à la forme. Je me suis toutefois rendu compte, en lisant Lamartine et Maupassant, que la musique des mots était importante pour valoriser un contenu. Je m’applique et j’admire les auteurs qui savent changer de style ; je n’ai pas cette qualité, ou alors pas consciemment.

 

E.L : Qu’aimez-vous dans la science-fiction et/ou le fantastique ?

 

T.D : Je suis très cartésien, mais pas obtus. Je ne crois, ni aux fantômes, ni à la télépathie, ni au paranormal, mais je veux bien admettre que nous n’avons pas découvert certains phénomènes et que la vie peut exister sur d’autres planètes.

Le fantastique et la science-fiction me permettent l’évasion ; je suis toujours étonné devant les visionnaires comme Jules Verne ou Orwell, en m’apercevant qu’ils étaient bien en deçà du futur décrit dans leurs romans. Dans Paris au XX ° siècle Verne décrivait les calculatrices de la taille d’un piano, "1984" peut s’appliquer désormais à bien plus de pays que l’ex-URSS. Donc quand j’ai lu "Les monades urbaines", j’avoue avoir eu très peur, et pourtant, j’adore les mondes post-apocalyptiques ! Récemment, j’ai acheté "Les falsificateurs" de Bello, mais je ne l’ai pas encore lu. Je vais frémir ? Tant mieux !

 

E.L : Autre chose à nous faire partager ? Vous avez carte blanche ! Un mot sur la maison d’édition, retour que vous avez eu des lecteurs, ce qui vous plaît en SF ? Ce que vous souhaitez transmettre en écrivant ? Récompenses ou prix reçus pour votre livre ? Invitation à visiter votre blog, votre page Facebook, vos projets…

 

T.D : Je travaille, actuellement, sur une nouvelle histoire pour laquelle je me suis longuement documenté sur les pigeons. Il y aura un transfert d’un homme très malade vers le corps d’un oiseau, avec un fond d’intrigue policière, mais je ne veux rien dévoiler de plus.

Un mot sur la maison d’édition : Ex Aequo est une maison d’édition qui a fait le pari de démarrer avec de nouveaux auteurs et le e-book comme principal moyen de diffusion à ses débuts, sans pour autant laisser tomber le livre papier. La gestion est sérieuse, l’entreprise a pris son envol et je suis heureux d’y avoir un peu participé. Mon éditrice m’a beaucoup aidé, car je ne connaissais absolument pas les coulisses du monde du livre. J’ai vite déchanté, comme un amateur qui se pointe dans un milieu professionnel, l’apprentissage sur le terrain s’est fait avec autant de moments de bonheur que les pires minutes de ma vie.

Ce que je veux transmettre ? Au-delà du thriller et de l’étrange, dans "Le labyrinthe de Darwin" et "La Némésis de Darwin", j’aimerais amener mes lecteurs à se poser des questions sur l’évolution de l’Humanité.

Y en a-t-il encore une au sens darwinien d’ailleurs ? C’est une question qui me préoccupe et à laquelle Darwin répondait déjà par la négative :

" Quant à nous, hommes civilisés, nous faisons, au contraire, tous nos efforts pour arrêter la marche de l’élimination ; nous construisons des hôpitaux pour les idiots, les infirmes et les malades ; nous faisons des lois pour venir en aide aux indigents ; nos médecins déploient toute leur science pour prolonger autant que possible la vie de chacun."

Des propos très durs, mais qui devraient encore interpeller !

 

Vous pouvez me retrouver sur Facebook, sous mon nom. Mes autres pages sont nommées comme les titres de mes romans.

Je vous remercie pour votre attention. 

 

Propos recueillis par Lady Fae

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