Le syndrome du crocodile

Cédric est totalement paralysé et muet à la suite d'un grave accident. Emprisonné avec ses souvenirs et ses regrets au fond de son lit, il n'a d'autre occupation que de regarder les pigeons par la fenêtre de sa chambre.

Jusqu'au jour où il se retrouve propulsé dans la tête de l'un d'entre eux.

Ivre de liberté, il vole avec lui... et assiste à un meurtre dont il est le seul témoin.

Comment faire pour dénoncer le meurtrier dans ce nouveau corps emplumé ?

D'autant plus qu'il a désormais un oeuf à couver !

Mêlant l'étrange à une intrigue policière, je n'ai pas délaissé l'environnement médical dans lequel j'évolue quotidiennement et professionnellement car il est toujours source d'inspiration mais j'ai souhaité explorer la psychologie des personnages avec notamment le droit de chacun à disposer de lui-même.

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Dehors, il entend le bruit sourd et martelé du moteur d’une péniche qui sort de l’écluse. Il imagine l’hélice qui retourne la boue au fond du canal, le nuage brunâtre troublant les eaux vertes, l’odeur des limons secoués...	Page 9 : les coordonnées latitude N49° 14' 14'' longitude E4° 2' 22'' ... le lieu du premier meurtre	Photo montage qui n'avait d'autre but que d'effrayer ma fille cadette Lucille. Au retour de la séance photo, où elle a réalisé un bon nombre de clichés de cet album pour m'aider à planter les décors, je lui ai fait croire que quelqu'un nous avait observé derrière les vitres de la maison du meurtrier... Vous l'avez bien sûr tous reconnu ? L'empereur Palpatine
Le policier atteint l'écluse... Le soleil qui rayonne entre les feuilles des cerisiers égaye difficilement la tristesse du lieu.	Le policier atteint l'écluse et « les Merisiers ». Une vieille maison, en partie masquée par des arbres et la végétation, semble abandonnée au fond d'une cour mal entretenue. Abdel jette un œil à travers la grille du portail. Le soleil qui rayonne entre les feuilles des cerisiers égaye difficilement la tristesse du lieu. Un vieil épouvantail surveille ce qui a dû être un potager. Est-ce que quelqu'un vit ici ?	... La végétation envahissait ce qui avait été une pelouse et la dalle de béton, ancienne piste de danse, disparaissait sous la mousse.
Aucun corps n'a été repêché depuis hier, il a vérifié. Deux écluses segmentent le canal, en l'absence de courant, les eaux émeraude restituent toujours les noyés dont le camaïeu de la peau, du gris au vert, dépend du temps d'immersion.	La petite maison, coincée entre le canal et l'Avesle, était bordée d'un chemin se terminant par un petit pont donnant sur d'autres jardins pourvus de très nombreuses cabanes à outils.	Derrière la maison de l'assassin... En traversant la cour, il lève le nez, renifle doucement. Le cadavre caché n'exhale pas encore d'effluves fétides, il peut le laisser là. Il sourit, croiser tous les jours sa première victime le rend fier et il en oublie presque l'échec de mercredi. Cependant, si l'odeur devient insupportable dans les prochains jours, il ne sait pas encore comment se débarrasser du corps. Le plus simple serait de le découper pour le jeter dans l'Avesle...
Les grandes cuves en inox, chétives aux pieds de gigantesques silos qui se perdent dans la grisaille, vomissent leur mélasse dans les camions citerne de l'autre côté de la sucrerie.	Vingt minutes plus tard, il s'installe au pied d'un pont, véritable antiquité datant du siècle dernier. La construction métallique badigeonnée récemment d'antirouille orange, enjambe le canal entre deux piles bétonnées, juste avant qu'il s'élargisse en face d'une zone industrielle.	Les lieux du second meurtre en vue aérienne
Le lieu est aussi laid que calme, discret, et propice au crime.	Depuis le temps qu'il arpente les chemins autour du canal, il sait exactement où se poster à l'affût : sous le pont d'Avrilly, entre une sucrerie et une batterie de silos à grain désertées de ce côté. Il y a peu de passage, mais suffisamment pour y piéger discrètement un gibier.	Le bord est bétonné et affleure la surface de l'eau, ce sera plus facile pour récupérer sa prise
Entre les pavés disjoints du tablier, apparaissent encore les reliquats de rails abandonnés mais la voie ferrée a disparu, écrasée par le transport routier, tout comme la vase condamne peu à peu la zone, désormais désaffectée, autrefois réservée au chargement des péniches.	Il se retourne pour voir sautiller une forme élancée. Elle se détache de la purée de pois avant de ralentir pour négocier le rétrécissement du chemin sous le pont. Cette fois, elle est seule et il la connaît.	Décor du second meurtre : La veille en fin d'après-midi, le cadavre immergé d'Isabelle Ardillon avait été repéré par un groupe de promeneurs. Le lieutenant Abdel Loufti avait assisté à la récupération du corps puis aux premières observations, en présence du docteur Camille Dulciné.
... Puis l'Avesle débouche sous un ouvrage d'art, juste avant de couler, parallèlement au canal, sous un second pont : le pont de Turin. À cet endroit, la route qui enjambe l'ensemble est très large. Elle relie la périphérie de Semier au centre ville. Le sentier qui longe les voies d'eau s'élargit lui aussi considérablement, devient un grand espace de terre battue, protégé de la pluie et surtout de la vue grâce aux piles de soutien en béton.	Une tourelle agrémentait la façade. L’ancienne demeure,bordée par l’Avesle et une rangée d’arbres, avait dû être aussi jolie que bucolique.	William savait qu’elle abritait un squat.
Radiographie d'un jeune crocodile, à l'origine de la couverture (avec l'autorisation de l'AFPPE)

Thierry DUFRENNE

Auteur

Editions ExAequo

Le syndrome du crocodile

Cédric est totalement paralysé et muet à la suite d'un grave accident. Emprisonné avec ses souvenirs et ses regrets au fond de son lit, il n'a d'autre occupation que de regarder les pigeons par la fenêtre de sa chambre.

Jusqu'au jour où il se retrouve propulsé dans la tête de l'un d'entre eux.

Ivre de liberté, il vole avec lui... et assiste à un meurtre dont il est le seul témoin.

Comment faire pour dénoncer le meurtrier dans ce nouveau corps emplumé ?

D'autant plus qu'il a désormais un oeuf à couver !

Dehors, il entend le bruit sourd et martelé du moteur d’une péniche qui sort de l’écluse. Il imagine l’hélice qui retourne la boue au fond du canal, le nuage brunâtre troublant les eaux vertes, l’odeur des limons secoués...

Page 9 : les coordonnées latitude N49° 14' 14'' longitude E4° 2' 22'' ... le lieu du premier meurtre

Le policier atteint l'écluse... Le soleil qui rayonne entre les feuilles des cerisiers égaye difficilement la tristesse du lieu.

... La végétation envahissait ce qui avait été une pelouse et la dalle de béton, ancienne piste de danse, disparaissait sous la mousse.

Aucun corps n'a été repêché depuis hier, il a vérifié. Deux écluses segmentent le canal, en l'absence de courant, les eaux émeraude restituent toujours les noyés dont le camaïeu de la peau, du gris au vert, dépend du temps d'immersion.

La petite maison, coincée entre le canal et l'Avesle, était bordée d'un chemin se terminant par un petit pont donnant sur d'autres jardins pourvus de très nombreuses cabanes à outils.

Les grandes cuves en inox, chétives aux pieds de gigantesques silos qui se perdent dans la grisaille, vomissent leur mélasse dans les camions citerne de l'autre côté de la sucrerie.

Vingt minutes plus tard, il s'installe au pied d'un pont, véritable antiquité datant du siècle dernier. La construction métallique badigeonnée récemment d'antirouille orange, enjambe le canal entre deux piles bétonnées, juste avant qu'il s'élargisse en face d'une zone industrielle.

Les lieux du second meurtre en vue aérienne

Le lieu est aussi laid que calme, discret, et propice au crime.

Depuis le temps qu'il arpente les chemins autour du canal, il sait exactement où se poster à l'affût : sous le pont d'Avrilly, entre une sucrerie et une batterie de silos à grain désertées de ce côté. Il y a peu de passage, mais suffisamment pour y piéger discrètement un gibier.

Le bord est bétonné et affleure la surface de l'eau, ce sera plus facile pour récupérer sa prise

Entre les pavés disjoints du tablier, apparaissent encore les reliquats de rails abandonnés mais la voie ferrée a disparu, écrasée par le transport routier, tout comme la vase condamne peu à peu la zone, désormais désaffectée, autrefois réservée au chargement des péniches.

Il se retourne pour voir sautiller une forme élancée. Elle se détache de la purée de pois avant de ralentir pour négocier le rétrécissement du chemin sous le pont. Cette fois, elle est seule et il la connaît.

Décor du second meurtre : La veille en fin d'après-midi, le cadavre immergé d'Isabelle Ardillon avait été repéré par un groupe de promeneurs. Le lieutenant Abdel Loufti avait assisté à la récupération du corps puis aux premières observations, en présence du docteur Camille Dulciné.

Une tourelle agrémentait la façade. L’ancienne demeure,bordée par l’Avesle et une rangée d’arbres, avait dû être aussi jolie que bucolique.

William savait qu’elle abritait un squat.

Radiographie d'un jeune crocodile, à l'origine de la couverture (avec l'autorisation de l'AFPPE)